Une ange, une ombre a la fois...

A l'époque je n'en avais pas la moindre idée, je dois bien l'avouer... Mais voyez vous, parfois les choses se passent de telle maniere que la plus petite part d'obscurité dans le coeur d'une femme peut s'étendre et le consumer, comme ca, parfois en une journée, le temps d'apprendre quelques menus détails qui sont sans importance pour d'autres, mais qui déclenchent une fureur destructrice chez moi.

Je suis partie, partie trop longtemps, d'Amakna, marchant, nageant, grimpant, j'ai traversé monts et rivieres pour répondre a l'appel, a la tristesse que je recevais, par un lien trop longtemps tenu a l'écart. Melail, une ancienne amie, une jeune Iopette encore faible, souffrait. Je ne savais pas de quoi, je ne savais pas ou. Je ne savais que deux choses. La direction approximative -le sud- et l'intensité de cette douleur. Enfin, aujourd'hui elle est sauve et pas bien loin, quelque part en Amakna, a se reposer, a se remettre de tout cela. Je ne sens plus qu'une intense tristesse et nu début de quiétude qui a du mal a s'implanter dans les champs de son esprit laissé en friche apres la douleur.
Je suis donc revenue en Amakna, emmenant avec moi cette Iopette qui était sortie de ma vie depuis bien longtemps, depuis une bonne demi douzaine d'années. Notre relation autrefois intense, passionnée...il ne reste plus de ces flammes en nos coeur que des souvenirs et un tas de cendres peu a peu soufflées par le vent. Elle fut mon amante, c'est elle que j'ai cru reconnaitre d'abord dans les traits de ma Iopette, celle qui m'a donné son coeur, son corps, son amour, sa confiance. La bague simpple qui brille a mon doigt en est la preuve parfaite. Un amour simple. J'ai durant des années aimé un fantome, mais depuis ma premiere arrivée en Amakna, depuis cette rencontre, j'ai réappris ce qu'était l'amour, ce qu'était la haine quand je sentais que quelqu'un ne l'appréciait pas....Je m'égare. Remarquez, je suis comme tout le monde, tout le monde s'égare, tout le monde fait des erreurs. Partir était une erreur, sans doute la plus grosse erreur de ma vie, celle dont je paye le prix jour apres jour maintenant.

A mon retour, je suis allée directement a la taverne d'Amakna, esperant croiser Jack, apprendre les dernieres nouvelles. Je ne suis tombé que sur quelques parchemins et, une biere en main, j'ai lu les zooooooornaux récents, histoire de savoir ce que j'avais manqué. L'heure etait tardive, et la choppe que j'ai laché et brisé n'a sans doute reveillé personne dans le village, mais je me rappellerais toute ma vie du choc.

Tigrou, Sensei du Troisieme Oeil, Tigrou le grand, le fort, Tigrou qui m'avait plus d'une fois sauvé d'un Abraknyde fou ou de ma propre folie. Tigrou qui souriait quand je hurlais de joie en tuant mes premiers Boos. Tigrou dont quelques gouttes de sang coulaient dans mes veines suite a une cérémonie toute symbolique pour lui comme pour moi. Tigrou qui était mon frere, mon pere, mon Sensei. Tigrou n'était plus.

Je mis plusieurs jours a me calmer, terrée sous l'escalier qui monte a l'étage de la taverne, sans boire ni manger, pres du poele, si tassée sous ma cape que les habitués et les visiteurs d'un jour ont du me prendre pour un tas de linge oublié.
Non. Je ne me suis pas calmée, je ne me calmerais sans doute jamais, la perte fut trop lourde. Du moins je finis par sortir de là, monter les escaliers, manger assise sur le sol un vieux morceau de bouftou qui trainait dans mon sac, un peu de pain et une gorgée d'eau. Le jour m'éblouissait par les fenetres de la taverne, mais je n'en avais plus rien a faire.
Tout ce qui m'importait était de voir de mes yeux, d'avoir une confirmation de la mort ou non de Tigrou.
Je me mis donc en quete de renseignements, mais ne trouvais rien, si ce n'est au bout d'un temps une tombe sommaire, sur laquelle je laissais couler quelques gouttes de mon sang, symbole du lien léger qui m'unissait a ce grand homme, et une larme, la seule que je laisserais tant que son oeuvre resterait inachevée. Peut etre pour toujours.

Je repris contact avec quelques anciens membres de la confrérie, Portevin, Setsumi, Kriblom, puis avec quelques personnes que j'avais aimé, dans un sens ou dans un autre, pour la plupart des amis a mon sens. -Arabel-, AnotherJack, Ifni rapidement, puis mes soeurs et cousines. Et enfin Etreinte et Erythrocytia, les deux personnes les plus proches a ma connaissance de ma femme a part moi. Et là le second choc arriva. Ma iopette était partie a ma recherche, n'écoutant que son coeur et son courage dicté par Iop, et s'était perdue, peut etre corps et ame, dans les immondes marais au sud de la foret des Abraknydes.
Aucune des deux n'avait eu de nouvelles, et mon absence avait été trop longue, je n'avais rien su de tout cela...
Aujourd'hui ma vie n'a plus vraiment de sens, j'ai encore certes quelques personnes que j'apprécie, une ancienne amante a l'esprit déchiré, deux soeurs bien trop jeunes pour que je les laisse sans surveillance -j'ai appris qu'une de mes soeurs m'avait suivi finalement sur mes moeurs, dans les amours saphiques et m'amour de la biere, je ne sais rien de l'autre, mais j'en apprends décidément tous les jours-, quelques amis fideles, une confrérie sur laquelle je peux compter et qui compte sur moi, finalement, mais je ne me sens plus le courage de continuer a vivre ainsi.

Mon ame réclame la paix mais mon coeur crie vengeance...

La haine, la tristesse, la colere et le désespoir sont mon quotidien. Je passe de plus en plus de temps a méditer dans les plaines torturées, la lande immonde de Sidimote, laissant au passé mon attirance pour les forets et l'herbe verte, et peu a peu je commence a apprécier le gout du sang...
Je me suis juré il y a quelque temps de ne jamais prendre part dans les guerres qui ravagent nos contrées, et je n'y prendrais pas part, aucun des camps n'ayant encore a l'heure actuelle d'idéaux convenables pour moi, mais que plus jamais une injustice, une main levée inutilement, un acte désagréable ne se produise devant moi sans raison valable, ou je sens bien que mon ame noire déchirera ce qui reste de ma vie dans une tempete sanglante...

Moi, Aliandae Enilhim, dite "la douce", risque de devenir "la furie", et je crains de me perdre moi meme dans les abimes de la violence comme bien trop de monde avant moi... Tigrou...Tangeante, mes deux phares dans la nuit se sont éteints peut etre le meme jour, je n'en sais rien...mais le souvenir me brule de l'interieur, comme la souffrance...comme une flamiche lancée dans mes poumons...
Sacrieur n'aura pas encore mon ame, mais sans doute sa ration de sang frais...

(HRP/ ecrit ca hier soir sur le forum de dofus, une brusque envie d'écrire...si ca vous plait yaura une suite, sinon non...
rassurez vous, ceux qui me cotoient en rp, Aliandae ne changera pas de comportement pour le moment, meme si avec le temps ca risque de s'assombrir...
c'est sans doute le début, le premier morceau en ligne du background d'Aliandae, et si cela vous plait sachez qu'il y aura de la lecture! J'ai 5 BG a faire rien que pour mes personnages joués, et sans doute une dizaine d'autres plus courts pour les personnages secondaires )

Deja des jours se sont écoulés depuis que je l'ai retrouvée, belle comme au premier jour... Mais depuis, que s'est il passé? Rien finalement, j'ai passé mon temps a m'entrainer, je n'ai presque parlé a personne, comme si mon mutisme pouvait exprimer mes envies! Je me dégoute moi meme, comment faire pour garder la personne qu'on aime si on la fuit presque? Je crains de ne pas trouver de solution...je n'ai plus la force pour ca... En fait j'ai plus que la force de taper des monstres en me taisant, la plupart du temps...Je suis meme pas allée a la taverne ou a la maison seriane...J'ai vu presque aucun des membres de la confrerie...J'ai peut etre croisé rapidement quelques personnes, je crois avoir vu Kriblom un instant dans la foule du zaap d'Amakna...mais ca m'avance a rien, c'est a peine si un "bonjour" veut encore sortir de ma bouche... Meme mes soeurs, je les vois a peine...le soir quand on rentre chacune de nos journées de travail, d'entrainement ou de rigolades, et qu'elles me racontent leurs occupations, sans que je réagisse autrement que par un mouvement de la tete ou un sourire...

Bon sang mais qu'est ce qui m'arrive? Je ne suis deja plus que l'ombre de moi meme...

Elle est là... Elle n'a pas changé, assise dans un coin de la maison seriane... Elle tremble un peu, elle a peur... Elle a raison... Qu'elle fuie, cette salope, ce monstre qui a pourri ma vie, avant que je ne me contrôle plus! Dégage, Azhrarn, dégage, sombre imitation de mes penchants les plus vils! Sors d'ici, ne remets jamais un pied dans cette maison, ne viens pas troubler le semblant de paix qui y regne! Tu a déjà trop fait souffrir, raclure, tu ne mérite pas que je te laisse en vie, c'est bien parce que nous ne sommes qu'une que je te le permets, mais tu pourrais souffrir... Tu te rappelle ce jour, ce jour maudit entre tous, ou mes soeurs et moi t'avons trouvée dans la forêt, pres de chez nous, et où je t'ai rappellée à la vie? Tu t'en souviens, ce jour ou tu m'a assommée alors que tu étais en vie grâce à moi, par mon sacrifice, et ou tu es sortie de la grotte, sortant de la matrice protectrice de notre mère la terre?

Je m'en souviens, moi de m'être réveillée, du sang sur les yeux, ne pouvant qu'avec peine les ouvrir, le sol de la grotte souillée par ce liquide rouge, chaud, collant.
Je me souviens d'avoir marché, en titubant, en m'appuyant aux arbres, jusqu'au village. Je me souviens d'avoir vu mes deux soeurs, Calliana, Gaallia, choquées, fixant sans le voir un tas de cadavres, et toi, sur ce tas, rongeant quelque chose qui ressemblait à un reste de cuisse humaine.

Oh, ça, tu étais belle, tu l'es encore, icarnation du mal dans le corps d'une enfant, pas encore femme, et qui ne le serait plus jamais, tu avais dévoré son âme en prenant son corps, par ma faute, certes, mais le démon qui se cachait en moi, je ne le croyais pas si horrible. Belle et horrible à la fois, terrifiante, tu étais, quand tu a relevé ton visage pour nous regarder, avec tes yeux si noirs qu'on devinait sans peine que tu n'étais pas comme les autres, comme aucun des disciple des onze, comme aucun des "poneys", ou des lyonheart, comme aucune créature vivante en ce monde, si ce n'est les plus sombres des disciples des démons. Uk, Djaul, un autre, n'importe, aucun jusqu'à là n'a pour moi eu autant l'air d'un démon que toi quand tu nous a souri, laissant voir tes dents recouvertes de sang, ces dents autrefois belles et blanches pour l'enfant des rues que j'avais cru ramener à la vie.

Va t'en, toi, mon démon, la pire de mes créations, va t'en toi qui contient la partie sombre de mon âme, dégage de ce pays, dégage de ce monde... Avant que prise d'une folie je ne te tue et ne devienne pire que toi encore, par la puissance que j'ai gagné avec le temps, et par tes vices qui reviendraient en moi...

Bien, tu pars, tu cours, tu fuis, continue donc ainsi, je sais bien que je ne peux pas me permettre de te tuer, mais je n'hésiterais pas à t'enfermer dans les geoles Bontaliennes, pour que tu y sois traitée comme le démon que tu es...